Recoins du Centre Pompidou (2014-2017)


Quand j’ai commencé à travailler au Centre Pompidou, le quatrième étage était divisé en deux parties, une collection d’art américain et une donation d’art russe, toutes deux de la seconde moitié du vingtième siècle. Si j’en crois mes souvenirs, d’un côté, il y avait des machins abstraits, des réflexions sur le vide, le porno, la société de consommation et les aspirateurs, avec à l’entrée un massif caniche en bois polychrome*. De l’autre côté, il y avait des œuvres de types qui pouvaient se retrouver internés en hôpital psychiatrique si la police apprenait l’existence d’un de leurs vernissages privés. Des artistes qui avaient acheté des âmes, des praticiens de l’art non-officiel qui galéraient juste pour plaisanter. Je vous laisse deviner lesquels étaient les russes et lesquels les américains.

Quoi qu’il en soit, ce furent des années particulièrement enrichissantes, et je salue mes anciens collègues, et plus généralement tout le personnel du CNAM. Une autre fois, je vous parlerai de cette catégorie de sociopathes qui viennent la dernière heure le dernier jour d’une exposition. Ces photos furent prises pendant mes pauses.

* « Poodle » de Jeff Koons, dont j’apprécie par ailleurs beaucoup certaines œuvres. Le même dont on installa le bouquet de tulipes géant en face du Petit Palais. Un matin, nous retrouvâmes tagué sur leur socle « 17 trous du c** » mais c’est encore une autre histoire…



David Hockney sans le public


Aménagement de l’antichambre des appartements privés du Palais de l’Elysée pour le président Georges Pompidou, par Yaacov Agam (1972-1974)
https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/PiJlcRR
« Domestikator », sculpture architecturale de 2015 de l’Atelier Van Lieshout. Refusé par le Louvre, exposé temporairement par le Centre Pompidou.



« Le papier sur lequel est imprimé ce texte est à jeter. Le texte, quant à lui, est à oublier, cependant, il reste le fait que vous ayez vu ce texte, lu ce papier. Vous ne pouvez rien attendre de cela, cela ne vous apporte rien, et, ne dépendant en rien de vous, cela marque la limite de votre pouvoir. » (intervention non-autorisée, auteur inconnu, texte collé à environ 10cm du sol dans une des salles du musée)
« La pensée élastique , 2017 » (intervention non-autorisée, auteur inconnu, retrouvée sur une vitrine)

Magritte sans le public
Trace d’une performance du duo d’artistes conceptuels russes Vitaly Komar et Alexander Melamid. Fondateurs de la société Komar & Melamid Inc., ils ont brièvement pratiqué l’achat-vente d’âmes humaines, en produisant et en faisant signer des contrats. Si j’en crois la courte notice de wikipédia.en à leur sujet, Andy Warhol leur offrit son âme gratuitement, après quoi ils firent parvenir le contrat en Russie et le revendirent pour 30 roubles.